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Association des Residents et Amis de Montgenevre et des Alberts
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Le Fort de BRAMAFAM : description et excursion , par J-A. Lesnard

Le fort de BRAMAFAM

L’Italie unifiée entreprend dans les années 1870 de fortifier sa frontière terrestre extérieure dans les Alpes par de nombreux ouvrages en montagne. En 1874, le site rocheux de Bramafam - parfois écrit BramafaN - qui domine en son sud-est, en aval de la vallée de la Doire (Dora), la petite ville de Bardonnecchia (Bardonnèche selon la toponymie francophone de toute la Haute Vallée de Suse (Alta valle Susa), à 1.447 mètres d’altitude d’après la brochure d’accueil, est choisi pour bloquer toute tentative d’invasion française éventuelle à partir du tunnel ferroviaire du Fréjus (la liaison internationale Lyon-Turin) qui vient d’être achevé, en complément des ouvrages internes de destruction de la galerie mis en place côté italien. En effet, les canons du Bramafam seront en vue directe de la voie ferrée, la gare locale comme de la sortie très proche du tunnel, sur leur axe nord, lorsqu’après sept ans d’efforts sont installés deux tours cuirassées Gruson de 120mm, calibre 21 en coupole, (rapport du 2ème bureau de l’Etat-Major français en 1889 signalant l’apparente mise en service du fort). L’armement est complété par quatre canons de 57 à tir rapide, en tourelles masquées et six pièces de 87 « B.E.ret » disposées en barbette avec, en réserve dans l’avant-fort occidental, deux pièces de 149 «G» en barbette, sans compter quatre mortiers de 87 «B», à placer selon les directives du moment. La garnison du 6ème régiment d’Artillerie de forteresse comptait 200 hommes nominalement mais les installations étaient calibrées pour accueillir un complément de 80 soldats.

La construction ne présente pas de particularités architecturales, sauf à signaler une impression de faible enterrement masqué par de la terre des galeries et tourelles, laissant incliner à du camouflage plus qu’à une protection : Les italiens devaient penser à l’absence probable d’artillerie lourde française, en cas d’assaut sortant du tunnel. La liaison béton/tourelle devait être de qualité médiocre puisque les parties métalliques ont pu être retirées sans dommages apparents pour les murs. Le site surmontant une belle forêt de conifères donne une vue superbe sur quasiment tout son pourtour. Pendant le premier conflit mondial, l’armement du Bramafam fut largement démonté pour être expédié sur le front oriental. Le fort servit de casernement aux prisonniers autrichiens, employés à l’entretien des routes militaires du secteur et du tunnel du Fréjus.

Sous l’ère mussolinienne fût entrepris un renforcement de la défense du site par la construction d’ouvrages enterrés aux versants nord et ouest notamment, en supputant des tentatives françaises depuis le Mont-Thabor via le Mélezet, et un contournement de l’édifice par le col de Bramafam  : six mitrailleuses servies par 42 soldats sont installées en 1939. L’embryon de défense antiaérienne n’évita pas le 21 juin 1940 un léger bombardement français, mais sans dommages pour le fort. Celui-ci relevait du VIIIème secteur de la «garde à la frontière» (Guarda alla Frontiera – GaF) dont les deux pièces principales – inchangées semble-t-il depuis l’origine - constituait la 516ème batterie. Les allemands occupèrent l’ensemble après le 8 septembre 1943. Ils minèrent tout le pourtour sous le fort (ce qui entraînera au total cinq morts : un soldat allemand, un artificier italien et trois civils). L’évacuation des composantes du 100ème régiment de Gebirgsjäger, (chasseurs de montagne, au sens allemand strict), repliées dans le Bramafam, n’intervint que les 26 et 27 Avril 1945.

 

*

 

L’A.S.S.AM (Associazione per gli Studi di Storia et Architettura Militare) fondée en 1990 et souhaitant organiser des expositions retraçant ses recherches et activités, obtint après un long parcours bureaucratique l’autorisation le 18 Mai 1995 d’occuper le site de Bramafam, la plus importante fortification italienne des Alpes Cottiennes de la fin du XIXème. Pendant vingt ans des bénévoles, avec l’appui de la région du Piémont, de la commune de Bardonnèche, de la fondation de la Caisse d’Epargne de Turin, de la Compagnie de San Paolo et de la fondation Magnetto, ont totalisé plus de 50 000 heures de travail en campagnes d’été pour restaurer quasi-complètement l’ensemble. Au-delà d’un édifice qui abrite une exposition annuelle (en 2017 la guerre de 1940 dans les Alpes, très illustrée et documentée de manière très didactique, mais en italien seulement), l’ASSAM a installé dans le fort une très riche collection permanente pour sauvegarder la mémoire italienne de la fortification et de ses hommes : Outre les tourelles, galeries, caponnières, etc… du fort lui-même, près de quarante salles d’exposition abritent, entre autres, plus de 180 mannequins totalement habillés, la reconstitution de l’espace vie des officiers du fort, les statistiques et travaux par année de la rénovation 1995/2015, ou bien d’innombrables « unes » sous verre des journaux italiens qui tapissent les murs en font un musée militaire des plus intéressants. A souligner en plein air un parc d’artillerie de quarante pièces et engins de traction de la première moitié du XXème siècle.

 

Jacques-André Lesnard, avec le concours d’André Frézet, Août 2017

 

 

Informations pratiques

 

L’accès « routier » au fort reste malaisé, au-delà d’un itinéraire piéton (mentionné à 1h10 de marche - non expérimenté - depuis un parking du côté «olympique» de la station, en direction de la vallée étroite et le col de l’Echelle). En descendant de l’ancienne route de Bardonnèche vers Oulx le long de la Dora, à un kilomètre environ, il faut passer en fin de virage à droite sous le pont de la voie ferrée (il y a une peinture indicative bleue au pochoir) puis tourner immédiatement à sa droite sur un petit pont «Bailey», interdit au plus de 5 Tonnes, afin de gravir une piste forestière en terre, sinueuse sous les sapins, qui reste adéquate pour des véhicules légers pas trop bas de châssis. On stationne 2,5 km plus loin à hauteur d’une chapelle dédiée à Ste-Anne, à la côte 1 383m. Il reste deux épingles et deux cent mètres environ à gravir à pied pour atteindre l’entrée.

Sauf de l’eau fraiche en bouteilles, il n’y a pas de ravitaillement sur place. Le fort est ouvert en continu de 10 à 18H30 tout le mois d’Aout en 2017, certains jours en juillet (notamment les w.e) et en septembre (ces ouvertures semblent avoir été les mêmes en 2016). Pour les plus de 65 ans (C.N.I. à présenter), l’entrée est de 8€ par personne. Une feuille en français est fournie. Seul l’italien existe pour toutes les explications, dans le musée et l’exposition…

J-A.  Lesnard

 

 

 

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